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Курс французского языка Том 4 - Може Г.

Може Г. Курс французского языка Том 4 — СПб.: Лань, 2002. — 480 c.
ISBN 5-8114-0095-0
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UNENUlT EXTRAORDINAIRE C'etait une nuit extraordinaire.
Il у avait eu du vent, il avait cesse, et les etoiles avaient eclate comme de l'herbe. Elles etaient en touffes avec des racines d'or, epanouies, enfoncees dans les tenebres et qui soulevaient des mottes luisantes de
nuit*.
Jourdan ne pouvait pas dormir. Il se tournait, il se retournait.
«II fait un clair de toute beaute», se disait-il.
Il n'avait jamais vu 5a. Le ciel tremblait comme un ciel de metal. On ne savait pas de quoi puisque tout etait immobile, meme Ie plus petit pompon d'osier. Ca n'etait pas Ie vent. C'etait tout simplement Ie ciel qui descendait jusqu'a toucher la terre, racier les plaines, frapper les montagnes et faire sonner les corridors des forets. Apres, il remontait au fond des hauteurs. Jourdan essaya de reveiller sa femme. «Tu dors?
— Oui.
— Mais tu reponds?
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— Non,
— Tu as vu la nuit?
— Non.
— Il fait un clair superbe.»
Elle resta sans repondre et fit aller un gros soupir, un claque des levres et puis un mouvement d'epaules comme une qui se defait d'un fardeau. «Tu sais a quoi je pense?
— Non.
— J'ai envie d'aller labourer entre les amandiers.
— Oui.
— La piece, la, devant Ie portail.
— Oui.
— En direction de Fra-Josephine2.
— Oh! oui», dit-elle.
Elle bougea encore deux ou trois fois ses epaules et finalement elle se coucha en plein sur Ie ventre, Ie visage dans l'oreiller.
«Mais, je veux dire maintenant», dit Jourdan. Il se leva. Le parquet etait froid, Ie pantalon de velours glace. Il у avait des eclats de nuit partout dans la chambre. Dehors on voyait presque comme en plein jour Ie plateau et la fbret Cremone. Les etoiles s'eparpillaient partout.
Jourdan descendit a J'etable. Le cheval dormait debout. «Ah! dit-il, toi tu sais, au moins. Voila que tu n'as pas ose te coucher.» Il ouvrit Ie grand vantail3. Il donnait directement sur Ie large du champ. Quand on avait vu la lumiere de la nuit, comme 5a, sans vitre entre eile et les yeux, on connaissait tout d'un coup la purete, on s'apercevait que la lumiere du fanal4 avec son petrole, etait sale, et qu'elle vivait avec du sang charbonne.
Pas de lune, oh! pas de lune. Mais on etait comme dessous des braises, malgre ce debut d'hiver et Ie froid. Le ciel sentait la cendre. C'est l'odeur des ecorces d'amandiers et de la fbret seche.
Jourdan pensa qu'il etait temps de se servir du brabant5 neuf. La charrue avait encore les muscles tout bleus de la derniere foire, elle sentait Ie magasin du marchand, mais elle avait l'air volonteuse6 C'etait l'occasion ou jamais. Le cheval s'etait reveille. II etait venu jusque pres de la porte pour regarder.
Il у a sur la terre de beaux moments bien tranquilles.
«Si vraiment \e 1'attends7 parce qu'il doit venir, se dit Jourdan, il arrivera une nuit comme celle-la.»
Il avait enfonce Ie tranchant du contre8 au commencement du champ, en
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tournant Ie dos a Ia ferme de Fra-Josephine et en direction de Ia foret Gremone. Il aimait mieux labourer dans ce sens parce qu'il recevait en plein nez l'odeur des arbres. C'est Ie cheval qui, de lui-meme, s'etait place de ce cote.
Il у avait tant de lumiere qu'on voyait Ie monde dans sa vraie verite, non plus decharne de jour mais engraisse d'ombre et d'une couleur bien plus fine. L'ceil s'en rejouissait. L'apparence des choses n'avait plus de cruaute, mais tout racontait une histoire, tout parlait doucement aux sens. La foret la-bas etait couchee dans Ie tiede des combes9 comme une grosse pintade aux plumes luisantes.
«Et, se dit Jourdan, j'aimerais bien qu'il me trouve en train de labourer.»
Depuis longtemps il attendait la venue d'un homme. Il ne savait pas qui. Il ne savait pas d'ou il viendrait. Il ne savait pas s'il viendrait.' Il Ie desirait seulement. C'est comme 5a que parfbis les choses se font et l'esperance humaine est un tel miracle qu'il ne faut pas s'etonner si parfbis eile s'allume dans une tete sans savoir ni pourquoi ni comment. Le tout c'est qu'apres eile continue a soulever la vie avec ses grandes ailes de velours.
«Moi je crois qu'il viendra», se dit Jourdan. Et puis, c'est bien vrai, Ia nuit etait extraordinaire. Tout pouvait arriver dans une nuit pareille. Nous aurions beau temps que l'homme vienne10**.
Que ma joie demeure (1935).
Примечания:
1. Чмоканье, т.е. она причмокнула. — Giono aime employer les adjectifs ou les participes avec une valeur de substantif (cf. infra: «le large du champ; Ie tiede des combes»). Ce sont des tours tout latins. 2. Название соседней фермы. 3. Створка дверей. 4. Фонарь "летучая мышь". 5. Плуг. 6. Mot de patois pour: volontaire. 7. Я жду человека, который должен прийти (см. предпоследний абзац). 8. Лемех плуга (слово того же корня, что и couteau) 9. Ложбин. 10. Хороший повод, чтобы он пришел.
Вопросы:
* Expliquez les images contenues dans cette phrase.
** L'un des ouvrages de Jean Giono s'intitule lie Poids du Ciel. Cette page n'qffve-t-elle pas, eile aussi, un exemple de poesie veritablement cosmique?
marcel ayme (1902-1967)
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