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Курс французского языка Том 4 - Може Г.

Може Г. Курс французского языка Том 4 — СПб.: Лань, 2002. — 480 c.
ISBN 5-8114-0095-0
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321
La mere et les filiertes avaient peur. La mere surtout se tracassait parce qu'elle etait d'un naturel craintif, et que son homme, Levesque, ne devait revenir de Ia mer qu'a Ia nuit tombante.
Son mari s'appelait Levesque; eile, on Ia nommait Martin, et on les avait baptises les Martin-Levesque. Voici pourquoi: eile avait epouse en premieres noces un matelot du nom de Martin, qui allait tous les etes a Terre-Neuve, a Ia peche de Ia morue.
Apres deux annees de mariage, eile avait de lui une petite fille et eile etait encore grosse de six mois quand Ie batiment qui portait son mari, les Deux-Sceurs, un trois-mats de Dieppe, disparut.
On n'en eut jamais aucune nouvelle; aucun des marins qui Ie montaient ne revint; on Ie considera done comme perdu corps et biens6.
La Martin attendit son homme pendant dix ans, elevant a grand-peine ses deux enfants; puis, comme eile etait vaillante et bonne femme, un pecheur du pays, Levesque, veuf avec un garcon, Ia demanda en mariage. Elle l'epousa, et eut encore de lui deux enfants en trois ans.
Iis vivaient peniblement, laborieusement. Le pain etait eher et Ia viande presque inconnue dans la demeure. On s'endettait parfois chez Ie boulanger, en hiver, pendant les mois de bourrasques. Les petits se portaient bien, cependant. On disait:
«C'est des braves gens, les Martin-Levesque. La Martin est dure a Ia peine, et Levesque n'a pas son pareil pour Ia peche.»
La filierte assise a Ia barriere reprit:
«On dirait qu'y nous connait. C'est p't-etre ben queque pauvre d'Epreville ou. d'Auzebosc7.»
Mais la mere ne s'y trompait pas. Non, non, 5a n'etait pas quelqu'un du pays, pour sur!
Comme il ne remuait pas plus qu'un pieu, et qu'il fixait ses yeux avec obstination sur Ie logis des Martin-Levesque, Ia Martin devint furieuse et, la peur Ia rendant brave, eile saisit une pelle et sortit devant Ia porte.
«Que que vous faites la?» cria-t-elle au vagabond.
Il repondit d'une voix enrouee:
«J'prends Ia fraiche, done! J'vous fais-ti tort8? »
Elle reprit:
«Pourque qu'vous etes quasiment en espionnance devant ma maison9?» L'homme repliqua:
«Je n'fais d'mal a personne. C'est-i point10 permis d's'asseoir sur Ia route?»
Ne trouvant rien a repondre, eile rentra chez eile.
322
Le journee s'ecoula lentement. Vers midi, l'homme disparut. Mais il repassa vers cinq heures. On ne Ie vit plus dans la soiree.
Levesque rentra a la nuit tombee. On lui dit la chose. Il conclut: «C'est queque fbuineur ou queque malicieux11.»
Et il se coucha sans inquietude, tandis que sa compagne songeait a ce rodeur qui l'avait regardee avec des yeux si droles12.
Quand Ie jour vint, il faisait grand vent, et Ie matelot, voyant qu'il ne pourrait prendre la mer, aida sa femme a raccommoder ses filets.
Vers neuf heures, la fille ainee, une Martin, qui etait allee chercher du pain, rentra en courant, la mine effaree et cria:
«M'man, Ie r'voila!»
La mere eut une emotion, et, toute pale, dit a son homme:
«Va Ii parier, Levesque, pour qu'il ne nous guette point comme 5a, parce que, me, 5a me tourne les sangs 13.»
Et Levesque, un grand matelot au teint de brique, a Ia barbe drue et rouge, a l'ceil bleu perce d'un point noir, au cou fort, enveloppe toujours de laine par crainte du vent et de la pluie au large, sortit tranquillement et s'approcha du rodeur.
La mere et les enfants les regardaient de loin, anxieux et fremissants.
Tout a coup, l'inconnu se leva et s'en vint, avec Levesque, vers Ia maison.
La Martin, effaree, se reculait. Son homme lui dit:
«Donne-lui un p'tieu de pain et un verre de cidre, 1 n'a rien maque depuis avant-hier14.»
Et ils entrerent tous deux dans Ie logis, suivis de Ia femme et des enfants. Le rodeur s'assit et se mit a manger, la tete baissee sous tous les regards.
La mere, debout, Ie devisageait; les deux grandes filles, les Martin, adossees a Ia porte, l'une portant Ie dernier enfant, plantaient sur lui leurs yeux avides, et les deux mioches, assis dans les cendres de Ia cheminee, avaient cesse de jouer avec la marmite noire, comme pour contempler aussi cet etranger.
Levesque, ayant pris une chaise, lui demanda:
«Alors vous v'nez de loin?
— J'viens d'Cette15.
— A pied, comme 5a?..
— Oui, a pied. Quand on n'a pas les moyens, faut ben.
— Ousque16 vous allez done?
— J'allais t'ici17.
323
— Vous у connaissez quequ'un?
— Ca se peut ben.»
Iis se turent. Il mangeait lentement, bien qu'il fut affame, et il buvait une gorgee de cidre apres chaque bouchee de pain. 11 avait un visage use, ride, creux partout, et semblait avoir beaucoup souffert.
Levesque lui demanda brusquement:
«Comment que vous vous nommez?»
Il repondit sans lever Ie nez:
«Je me nomme Martin. »
Un errange frisson secoua la mere. Elle fit un pas, comme pour voir de plus pres Ie vagabond, et demeura en face de lui, les bras pendants, la bouche ouverte. Personne ne disait plus rien. Levesque enfin reprit:
«Etes-vous d'ici?»
Il repondit:
«J'suis d'ici.»
Et comme il levait enfin Ia tete, les yeux de Ia femme et les siens se rencontrerent et demeurerent fixes, meles, comme si les regards se fussent accroches.
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