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Курс французского языка Том 4 - Може Г.

Може Г. Курс французского языка Том 4 — СПб.: Лань, 2002. — 480 c.
ISBN 5-8114-0095-0
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Je la vois et la verrai toujours, Colette de Montigny-en-Fresnois1, tantot a Paris, plantee en plein cceur du Palais-Royal2 comme une rose dans une boutonniere, tantot a La Treille Muscate, sa maison de Saint-Tropez3 toujours la meme, avec cette sensualite exacte et brusque, cet amour de la vie de tous les jours, une lucidite inflexible. Je l'entends et l'entendrai toujours resumer son existence a grands traits:
«Je travaille et je peine. C'est un metier de forcat que de s'enfermer chaque jour pour ecrire, alors qu'il fait si beau, que l'on se sent invitee a tout instant. Tenez, venez voir ma vigne... J'ai fait douze cents bouteilles l'annee derniere!.. Et mon potager? Je beche moi-meme, mais avant huit heures du matin. Apres, c'est l'encrier. Mais regardez done mes tomates, mes artichauts. Je mange tres peu, et jamais de viande en ete. Des fruits, des legumes, un poulet de temps en temps. La sagesse, quoi!»
D'autres jours, eile parle de la correspondance de ses innombrables lectrices: «Elles se racontent avec confiance, interrogent, ecoutent. L'une me demande un chat; l'autre, appauvrie, se lamente de devoir demenager et quitter son chien. Regardez: une grande ecriture extraordinaire, qui se heurte aux bords du papier comme un oiseau affole, croise ses lignes, se brise, revient sur elle-meme. C'est celle d'une amie inconnue et desesperee qui me crie: «Madame, est-ce que vous «pensez qu'il reviendra?» Et mille conversations encore touchant les odeurs de la Provence ou de la rue Vivienne, Ie Petit Chaperon Rouge, les lezards vifs comme des envies, la neige vivante des Alpilles, Ie soleil sur les seuils de ces villages du midi
ranges comme des noces sur Ie passage de la lumiere, les chevres, Tail, Ie velours, la confiture, la chaleur blanche ou rose des plats cuisines qui attendent sur la table, la couleur du vin, desyeux, des soirs*. Et ce qu'elle ecrivit elle-meme un jour sur Ie voyage revient a ma memoire periodique-ment, comme un refrain ou je la retrouve toute: «II n'est de depart que vers Ie soleil. Il n'est de voyage qu'au-devant d'une lumiere accrue; c'est avoir obtenu de la vieillesse Ie seul repit qu'elle puisse donner, que de s'arreter— encore un instant, encore un instant! — sous un ciel ou Ie temps, suspendu et reveur au haut d'un azur immobile, nous oublie...»
Et je flaire dans cette sensibilite celle de toutes les femmes francaises, mes compagnes. (...) Ses traits reconnaissables entre mille, son style aux tendresses obscures et spontanees, cet amour si juste et si mesure jusque dans ses emportements, Ie gout des images, des verbes, de !'interrogation bien placee dans la phrase, tout cela est feminin et francais et Гоп comprend bien pourquoi, dans les bibliotheques provinciales, chez un docteur, un marchand de vins, un horticulteur, ce sont les livres de Colette qui revelent Ie plus de ferveur et d'attention. Meme des passages entiers sont graves dans la memoire de quelque maitresse de maison, eblouie par une facon de dire qui serait la sienne s'il n'y avait pas ces quelques metres a franchir, ce rien, cet invisible abime qui la separe du genie.
Et Ie genie de Colette, que les Francaises sentent si voisin du leur, de la meme famille et de la meme essence, est precisement de repondre a toutes les questions de la vie interieure de la facon la plus stricte, comme une Pythie5 genereuse. Elle est infaillible. Ce qu'elle dit du devouement, des joies, des plantes aromatiques, des chenilles posees comme des brandebourgs6 sur les doirnans7 de la nature, d'un verre d'eau fraiche, des chiens errants, des meditations interminables et laineuses8 du chat, des cadeaux, de la pluie, de l'enclume aux oreilles pointues, du chagrin secret de celles qui se sont trompees de regard, oui, ce qu'elle dit de cette horlogerie dans laquelle nous sommes embarques avec nos sentiments, semble surgir d'un code. Quelques critiques ont cm soulever une montagne en ecrivant qu'on ne trouvait pas chez Colette, incomparable artiste, grand poete et grand peintre, de reponses, meme incertaines, aux durs, aux tragiques problemes de la condition humaine, qu'elle ne prenait jamais parti dans les querelles qui mettent aux prises nos contemporains**. Et c'est de cela que les Francaises la louent. Car il n'y a pas de problemes! Tous se sont deja presentes, et tous ont ete resolus. C'est Ie coefficient qui change, et Colette Ie sait bien, mieux que personne***.
Leon-Paul FARGUE. Portraits de Famille (1947).
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Примечания:
mes «trente-huit heures»
DE tous les sports, Г aviation est sans doute celui ой les Francoises se sont Ie plus souvent distinguees: Maryse Bastie, Helene Boucher, Jacqueline Auriol en ont fourni des preuves indiscutables. Plus recemment la •parachutiste Colette Duval battait Ie record du monde de hauteur en chute libre, parachute ouvert a 250 metres du sol. Le recit, ой MARYSE BASTLE conte !'exploit qui lui valut de ramener «d'un seul coup a Ia France trois records de duree», fait ressortir avec force l'energie et l'endurance de Tindomptable aviatrice.
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