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Курс французского языка Том 4 - Може Г.

Може Г. Курс французского языка Том 4 — СПб.: Лань, 2002. — 480 c.
ISBN 5-8114-0095-0
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Frederic Moreau et son camarade Hussonnet viennent de se rencontrer devant Iu facade des Tuileries. Iis penetrent dans Ie palais, ой la foule des emeutiers s'est deja engouffree.
Tout a coup La Marseillaise1 retentit. Hussonnet et Frederic se pencherent sur la rampe. C'etait Ie peuple. Il se precipita dans l'escalier, en secouant a flots vertigineux des tetes nues, des casques, des bonnets rouges, des bai'onnettes et des epaules, si impetueusement, que des gens disparaissaient dans cette masse grouillante qui montait toujours, comme un fleuve refoule par une maree d equinoxe, avec un long mugissement, sous une impulsion irresistible. En haut, elle se repandit, et Ie chant tomba*.
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On n'entendait plus que des pietinements de tous les souliers, avec Ie clapotement des voix. La foule inoffensive se contentait de regarder. Mais, de temps a autre, un coude trop a l'etroit enfoncait une vitre; ou bien un vase, une statuette deroulait d'une console2, par terre. Les boiseries pressees craquaient. Tous les visages etaient rouges, la sueur en coulait a larges gouttes; Hussonnet fit cette remarque: «Les heros ne sentent pas bon! — Ah! vous etes agacant», reprit Frederic.
Et pousses malgre eux, ils entrerent dans un appartement ou s'etendait, au plafond, un dais de velours rouge. Sur Ie trone, en dessous, etait assis un proletaire a barbe noire, la chemise entrouverte, l'air hilare et stupide comme un magot4 D'autres gravissaient l'estrade pour s'asseoir a sa place. «Quel mythe! dit Hussonnet. Voila Ie peuple souverain!» Le fauteuil fut enleve a bout de bras, et traversa toute Ia salle en se balancant. «Saprelotte5! comme il chaloupe! Le vaisseau de l'Etat est ballotte sur une merorageuse! Cancane6-t-il! cancane-t-il!»
On l'avait approche d'une fenetre, et, au milieu des sifflets, on Ie lanca. «Pauvre vieux!» dit Hussonnet en Ie voyant tomber dans Ie jardin, ou il fut repris vivement pour etre promene ensuite jusqu'a Ia Bastille, et brule.
Alors, une joie frenetique eclata, comme si, a Ia place du trone, un avenir de bonheur illimite avait para; et Ie peuple, moins par vengeance que pour affirmer sa possession, brisa, lacera les glaces et les rideaux, les lustres, les flambeaux, les tables, les chaises, les tabourets, tous les meubles, jusqu'a des albums de dessins, jusqu'a des corbeilles de tapisserie. Puisqu'on etait victorieux, ne fallait-il pas s'amuser? La canaille s'affubla ironiquement de dentelles et de cachemires7. Des crepines8 d'or s'enroulerent aux manches des blouses, des chapeaux a plumes d'autruche ornaient Ia tete des forgerons, des rubans de Ia Legion d'honneur firent des ceintures aux prostituees. Chacun satisfaisait son caprice; les uns dan-saient, d'autres buvaient. Dans Ia chambre de Ia reine, une femme lustrait ses bandeaux9 avec de Ia pommade; derriere un paravent, deux amateurs jouaient aux cartes; Hussonnet montra a Frederic un individu qui fumait son brule-gueule10 accoude sur un balcon; et Ie delire redoublait, au tintamarre1 ' continu des porcelaines brisees et des morceaux de cristal qui sonnaient, en rebondissant, comme des lames d'harmonica12 (...).
Par les baies des portes, on n'apercevait dans l'enfilade des apparte-ments que la sombre masse du peuple entre les dorures, sous un nuage de poussiere. Toutes les poitrines' haletaient; Ia chaleur de plus en plus devenait suffocante; les deux amis, craignant d'etre etouffes, sortirent (...).
Iis avaient fait trois pas dehors, quand un peloton de gardes
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municipaux" en capotes s'avanca vers eux, et qui, retirant leurs bonnets de police, et decouvrant a la fbis leurs cranes un peu chauves, saluerent Ie peuple tres bas. A ce temoignage vainqueurs deguenilles se rengorgerent. Hussonnet et Frederic ne furent pas, non plus, sans en eprouver un certain plaisir.
Une ardeur les animait. Ils s'en retournerent au Palais-Royal. Devant la rue Fromanteau, des cadavres de soldats etaient entasses sur de la paille. Iis passerent aupres impassiblement, etant meme fiers de sentir qu'ils faisaient bonne contenance.
Le palais regorgeait de monde. Dans la cour interieure, sept buchers flambaient. On lancait par les fenetres des pianos, des commodes et des pendules. Des pompes a incendie crachaient de l'eau jusqu'aux toits. Des chenapans15 tachaient de couper des tuyaux avec leurs sabres. Frederic engagea un polytechnicien16 a s'interposer. Le polytechnicien ne comprit pas, semblait imbecile, d'ailleurs. Tout autour, dans les deux galeries, Ia populace, maitresse des caves, se livrait a une horrible godaille17. Le vin coulait en ruisseaux, mouillait les pieds, les voyous buvaient dans des culs de bouteille, et vociferaient en titubant, «Sortons de la, dit Hussonnet, ce peuple me degoute.»
Tout Ie long de Ia galerie d'Orleans, des blesses gisaient par terre, sur des matelas, ayant pour couvertures des rideaux de pourpre; et de petites bourgeoises du quartier leur apportaient des bouillons, du linge. «N'importe! dit Frederic, moi, je trouve Ie peuple sublime*.» Le grand vestibule etait rempli par un tourbillon de gens furieux, des hommes voulaient monter aux etages superieurs pour achever de detruire tout; des gardes nationaux18 sur les marches s'efforcaient de les retenir. Le plus intrepide etait un chasseur19, nu-tete, Ia chevelure herissee, les buffleteries20 en pieces. Sa chemise faisait un bourrelet entre son pantalon et son habit, et il se debattait au milieu des autres avec acharnement. Hussonnet, qui avait Ia vue percante, reconnut de loin Amoux.
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