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Курс французского языка Том 4 - Може Г.

Може Г. Курс французского языка Том 4 — СПб.: Лань, 2002. — 480 c.
ISBN 5-8114-0095-0
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«Oui, Monique, il у a une femme dans ma vie» . (Tout etait bleu au-dessus de notre tete et sous nos pieds; on apercevait a travers Ie detroit la cote africaine. Il me serrait contre lui. «Si tu me trompais, je me tuerais.
— Si tu me trompais, je n'aurais pas besoin de me tuer. Je mourrais de chagrin». Il у a quinze ans. Deja? Qu'est-ce que quinze ans? Deux et deux font quatre. Je t'aime, je n'aime que toi. La verite est indestructible, Ie temps n'y change rien.)
«Qui est-ce?
— Noellie Guerard.
— Noellie! Pourquoi?»
Il a hausse les epaules. Evidemment. Je connaissais la reponse: jolie, brillante, aguicheuse. Le type de l'aventure sans consequence et qui flatte une homme. Avait-il besoin d'etre flatte?
Il m'a souri:
«Je suis content que tu m'aies interroge. Je detestais te mentir.
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— Depuis quand me mens-tu?» Il a a peine hesite:
«Je t'ai menti a Mougins. Et depuis mon retour». Ca faisait cinq
semaines. Pensait-il a eile a Mougins?
«Tu as couche avec eile quand tu es reste seul a Paris?
— Oui.
— Tu la vois souvent?
— Oh! non! Tu sais bien que je travaille...»
J'ai demande des precisions. Deux soirees et un apres-midi depuis son retour, je trouve que c'est souvent.
«Pourquoi ne m'as-tu pas prevenue tout de suite?» Il m'a regardee timidement et il m'a dit, avec du regret dans la voix: «Tu disais que tu mourrais de chagrin...
— On dit 5a.
J'ai eu envie de pleurer soudain: je n'en mourrais pas, c'etait 5a Ie plus triste. A travers des vapeurs bleues nous regardions l'Afrique, au loin, et les mots que nous prononcions n'etaient que des mots. Je me suis rejetee en arriere. Le coup m'avait assommee. La stupeur me vidait la tete. Il me fallait un delai pour comprendre ce qui m'arrivait. «Dormons», ai-je dit.
La colere m'a reveillee de bonne heure. Comme il avait Fair innocent, les cheveux embroussailles au-dessus du front rajeuni par Ie sommeil! (Au mois d'aout, pendant mon absence, eile s'est reveillee a cote de lui: je n'arrive pas а у croire! Pourquoi ai-je accompagne Colette a la montagne? Elle n'y tenait meme pas tellement, c'est moi qui ai insiste. Pendant cinq semaines, il m'a menti! Ce soir nous avons fait un serieux pas en avant). Et il revenait de chez Noellie. J'ai eu envie de Ie secouer, de l'insulter, de crier. Je me suis dominee. J'ai laisse un mot sur mon oreiller: «A ce soir», certaine que mon absence Fatteindrait plus qu'aucun reproche; a Fabsence, on ne peut rien repondre. J'ai marche au hasard dans les rues, obsedee par ces mots: «II m'a menti». Des images me traversaient: Ie regard, Ie sourire de Maurice poses sur Noellie. Je les chassais. Il ne la regarde pas comme il me regarde. Je ne voulais pas souffrir, je ne souffrais pas, mais la rancune me suffoquait: «II m'a menti!» Je disais: «Je mourrais de chagrin»; oui, mais il me Ie faisait dire. Il avait mis plus d'ardeur que moi a conclure notre pacte: pas de compromis, pas de licence. Nous roulions sur la petite route de Saint-Bertrand-de-Comminges et il me pressait: «Je te suffirai toujours?» Il s'est emporte parce que je ne repondais pas avec assez de feu (mais quelle reconciliation dans la chambre de la vieille auberge avec
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l'odeur des chevrefeuilles qui entrait par la fenetre! IL у a vingt ans: c'etait hier). Il m'a suffi, je n'ai vecu que pour lui. Et lui, pour un caprice, il a trahi nos serments! Je me disais: « J'exigerai qu'il rompe, tout de suite...» J'ai ete chez Colette; toute la journee, je me suis occupee d'elle, mais interieu-rement je bouillonnais. Je suis revenue a la maison, epuisee. «Je vais exiger qu'il rompe». Mais que signifie Ie mot «exigence» apres toute une vie d'amour et d'entente? Je n'ai jamais rien demande pour moi que je ne veuille aussi pour lui.
Il m'a prise dans ses bras d'un air un peu egare. Il avait telephone plusieurs fois chez Colette et personne n'avait repondu (pour qu'elle ne soit pas derangee j'avais bloque la sonnerie). Il etait fbu d'inquietude.
«Tu n'imaginais tout de meme pas que j'allais me descendre?
— J'ai tout imagine».
Son anxiete m'a ete au cceur et je Гаі ecoute sans hostilite. Bien sur, il a eu tort de rne mentir, mais il faut que je comprenne; la premiere hesitation fait boule de neige: on n'ose plus avouer, parce qu'il faut avouer aussi qu'on a menti. L'obstacle est encore plus infranchissable pour des gens qui comme nous mettent si haut Ia sincerite. (Je Ie reconnais: avec quel acharnement j'aurais menti pour dissimuler un mensonge.) Je n'ai jamais fait sa part au mensonge. Les premiers mensonges de Lucienne et de Colette і m'ont scie bras et jambes. J'ai eu du mal a admettre que tous les enfants mentent a leur mere. Pas a moi ! Je ne suis pas une mere a qui on ment; pas une femme a qui on ment. Orgueil imbecile. Toutes les femmes se pensent differentes; toutes pensent que certaines choses ne peuvent pas leur arriver, et elles se trompent toutes.
Simone de Beauvoir, La femme rompue
plus jamais
Louise de Vilmorin (1902-1969), avant d'etre, dans les dernieres annees de sa vie, l'amie d'Andre Malraux, fut un delicat poete («L'Alphabet des aveux») et une romanciere contant avec gtace des intrigues sentimentales ('—Sainte une fois Madame de...»). Elle evoque ici avec melancolie Ie renoncement a l'amour.
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