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Курс французского языка Том 4 - Може Г.

Може Г. Курс французского языка Том 4 — СПб.: Лань, 2002. — 480 c.
ISBN 5-8114-0095-0
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LE MAITRE DE SANTIAGO (1945)
Vargas, Bernai, Obregon et Olmeda sont venus trouver Alvaro, Майте de l'Ordre de Santiago, pour Ie prier d'accepter, aux Indes (c'est-a-dire en Amerique) nouvellement conquises par l'Espagne, un poste destine a retablir sa fortune.
VARGAS. — Chretien comme vous l'etes1, allez done au bout de votre christianisme. Il у a trois mille ans que des nations perissent. Trois mille ans que des peuples tombent en esclavage... Le chretien ne peut pas prendre tout a fait au tragique ces malheurs-la. Si vous etes consequent, il n'y a qu'une patrie, celle que formeront les Elus.
ALVARO. — Je garde l'autre pour en souffrir.
BERNAL. — Vous condamnez votre temps comme Ie font les tres vieux hommes. Vous n'avez pas cinquante ans, et vous parlez comme si vous en aviez quatre-vingts. Et vous exagerez beaucoup. Si vous participiez davantage, aux evenements, si vous etiez plus informe de ce qui se passe...
ALVARO. — J'en ai assez. Chaque fois que je pointe2 la tete hors de macoquille, je recois un coup sur la tete. L'Espagne n'est plus pour moi que quelque chose dont je cherche a me preserver.
BERNAL. — Oui, mais a force de vous retrancher, Ie monde vous apparait deforme par votre vision particuliere. Ensuite vous rejetez une epoque, faute de la voir comme elle est.
OBREGON. — Debout sur Ie seuil de l'ere nouvelle, vous remsez d'entrer.
ALVARO. — Debout sur Ie seuil de l'ere nouvelle, je refuse d'entrer.
VARGAS. — Mettons que ce soit heroi'sme de consentir a etre seul, par fidelite a ses idees. Ne serait-ce pas heroi'sme aussi de jouer son role dans une societe qui vous heurte, pour у faire vaincre ces idees qui, si elles ne s'incarnent pas, demeureront plus ou moins impuissantes?
BERNAL. — Et puis, ce qui est humainement beau, ce n'est pas de se guinder3, c'est de s'adapter: ce n'est pas de fuir pour etre vertueux tout a son aise, c'est d'etre vertueux dans Ie siecle, la ou est la difficulte.
ALVARO. — Je suis fatigue de ce continuel divorce entre moi et tout ce qui m'entoure. Je suis fatigue de l'indignation. J'ai soif de vivre au milieu d'autres gens que des malins, des canailles4 et des imbeciles. Avant, nous etions souilles par l'envahisseur. Maintenant, nous sommes souilles par nous-memes; nous n'avons fait que changer de drame. Ah! pourquoi ne
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suis-je pas mort a Grenade5 quand ma patrie etait encore intacte? Pourquoi ai-je survecu a ma patrie? Pourquoi est-ce que je vis?
BERNAL. — Mon ami, qu'avez-vous? Vous ne nous avez jamais parle de la sorte.
ALVARO. — Le collier des chevaliers de Chypre etait orne de la lettre S, qui voulait dire: «Silence». Aujourd'hui, tout ce qu'il у a de bien dans notre pays se tait. Il у a un Ordre du Silence: de celui-la aussi je devrais etre Grand Майте. Pourquoi m'avoir provoque a parier?
OLMEDA. — Faites-vous moine, don Alvaro. C'est Ie seul etat qui vous convienne desormais.
ALVARO. — Je ne sais en effet ce qui me retient, sinon quelque manque de decision et d'energie.
OBREGON. — Et j'ajoute qu'il у a plus d'elegance, quand on se retire du monde, a s'en retirer sans Ie blamer. Ce blame est des plus vulgaires!
ALVARO.— Savez-vous ce que c'est que la purete? Le savez-vous? (Soulevant Ie manteau de l'Ordre sus-pendu au mur au-dessous du crucifix:) Regardez notre manteau de l'Ordre: il est blanc et pur comme la neige au-dehors. L'epee rouge est brodee a !'emplacement du cceur, comme si elle etait teinte du sang de ce cceur. Cela veut dire que la purete, a la fin, est toujours blessee, toujours tuee, qu'elle recoit toujours Ie coup de lance que recut Ie cceur de Jesus sur la croix. (7/ baise Ie bas du manteau. Apres un petit temps d'hesitation, Olmeda, qui est Ie plus proche du manteau, en baise lui aussi Ie bas.) Oui, les valeurs nobles, a la fin, sont toujours vain-cues; l'histoire est Ie recit de leurs defaites renouvelees. Seulement, il ne faut pas que ce soit ceux memes qui ont pour mission de les defendre, qui les minent. Quelque dechu qu'il soit, l'Ordre est Ie reliquaire6 de tout ce qui reste encore de magnanimite et d'honnetete en Espagne. Si vous ne croyez pas cela, demettez-vous-en. Si nous ne sommes pas les meilleurs, nous n'avons pas de raison d'etre. Moi, mon pain est Ie degout. Dieu m'a donne a profusion la vertu d'ecceurement. Cette horreur et cette lamentation qui sont ma vie et dont je me nourris... Mais vous, pleins d'indifference ou d'indulgence pour l'ignoble, vous pactisez avec lui, vous vous faites ses complices! Hommes de terre! Chevaliers de terre*!
Acte I se. ГУ.
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Примечания:
1. Варгас обращается к Альваро. 2. Поднимаю, высовываю. 3. Важничать, пыжиться. 4. Негодяи, сволочи. 5. Во время взятия Гранады испанцами. 6. Рака со святыми мощами. Здесь: священное хранилище.
Вопросы:
* En quoi consiste I'ideal chretien aux yeux de don Alvarof Sa conception vousfarait-
ette juste? Et, si oui, suffisante?
jean anouilh (ne en 1910)
DANS Ie theatre d'ANOUlLH, il n'y a qu'un theme: c'est que vivre abaisse, degrade, avilit. Mais ce theme unique est developpe avec une telle insistance qu'il a pu nourrir I'ceuvre dramatique sans doute la plus puissante de notre temps.
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